La deuxième moitié du XXe siècle a
été la période de la post-guerre où l’Homme a subi des changements
socio-politico-ontologiques dus aux grandes transformations de l’environnement, des relations, et de son
essence même. Lors de la Guerre Froide et de la Colonisation, la conception du
monde n’est pas restée celle du XIXe siècle ; il y a eu un bouleversement dans la conscience de l’Homme –plutôt une
crise omniprésente– qui a touché tout ce
qui concerne les beaux-arts. Ici, on abordera la transformation du Nouveau Roman
par rapport au roman bourgeois des siècles précédents. Donc, on mettra l’accent
surtout sur les aspects formels de la narration. Cela dit, on commencera par
éclairer les différences entre le roman traditionnel ou de mœurs et le Nouveau
Roman.
Tout
d’abord, on doit mettre en relief le thème du roman « réaliste » et
« naturaliste » qui évoque le quotidien à la Balzac, la quête et
l’absence de l’argent, la pauvreté, l’ascension sociale, l’ambition et la morale
justicière. Dans ces cas, on distingue une réalité extraordinaire puisque l’on
assiste à l’ascension d’un personnage marginal archétypique dont l’auteur
raconte la vie –peut-être de la naissance jusqu’à la mort –en 400 pages. Par
contre, le Nouveau Roman appelle à une quotidienneté redécouverte : il ne
s’agit pas d’écrire sur les faits surprenants, mais sur les faits ordinaires
sans se plonger obsessionnellement dans
la psychologique du personnage (qui n’est plus un héros). En outre, les nouveaux
romanciers ne veulent que capturer des instantanés, des petits fragments de vie
qui montrent la solitude, l’indifférence, l’ennui, la crise, la monotonie, le
néant, peut-être. Quant aux personnages, ils ne sont plus des individus avec un
nom et un prénom, ils n’ont guère d’identité. Cela veut dire que l’on ne s’identifie
pas avec eux : leurs vies n’ont aucune intrigue à résoudre, comme les
nôtres, peut-être.
Ensuite,
la structure linéaire du roman traditionnel est méprisée ; la logique
« cause-effet » qui auparavant servait à suivre le fil de l’histoire
n’a plus sa place. Concevoir un temps circulaire cyclique, nous oblige à
comprendre l’absence de fin dans les Nouveaux Romans. Il s’avère donc une
structure éclatée, c'est-à-dire qu’il
n’y a pas une révélation, une résolution, mais une suite de questions, sans
définir l’énigme. C’est une œuvre ouverte qui interroge le lecteur et qui ne
possède pas la vraie vérité.
Il
y a aussi une autre différence de style entre ces deux types de roman. Alors
que le roman des siècles précédents « enrichit » la narration par le
biais du langage littéraire recherché et soutenu, les nouveaux romanciers,
comme Robbe-Grillet ou Sarraute, opposent un langage plat (réduit à son expression
minimale) qui sert à l’écriture objective et scientifique chère à ces auteurs. Ils
s’attachent à une voix narrative en focalisations externe, à la troisième
personne qui provoque la présence de l’objectivité dans les romans.
Or,
il faut remarquer les aspects du Nouveau Roman qui surpassent le roman
traditionnel de telle façon que nous nous rendons compte d’un nouvel esprit de
l’écriture. Certes, les nouveaux romanciers se mettent à la recherche d’un
nouveau réalisme, différent de celui de Balzac ou de Zola. Pour atteindre ce
but, il est nécessaire de rester immobile, de ne pas travailler le style et le
langage violemment ; mais de regarder, observer, examiner, scruter plusieurs
fois le même objet afin que nous puissions re-connaître,
re-signifier ce que nous voyons. Pour
« L’école du regard » l’influence du cinéma sur le Nouveau Roman est évidente.
Mais, qu’est-ce que les nouveaux romanciers aimaient follement regarder-écrire
s’ils ne voulaient pas décrire la psychologie des personnages ? Les
objets, bien sûr. Ceux-ci acquièrent une grande importance dans ce type de
romans, parce que les auteurs les décrivent beaucoup mieux que les personnages ;
ils se voient même effacés : la
chose a supplanté le personnage. C’est cela que l’œil de la caméra veut
focaliser.
Finalement,
un autre aspect très important de la narration, c’est l’exploration des flux de la pensée. En effet, l’écriture chez les nouveaux
romanciers avait une signification par elle-même, c’était une réflexion sur la création littéraire en soi, comme l’a déjà
mentionné Ricardou. De sorte que nous trouvons une aventure intime de
l’auteur ; alors que ses prédécesseurs écrivaient des aventures, peut-être
intimes, mais aussi des personnages. Parfois on écoute la voix de l’auteur à travers le
discours indirect ou le monologue intérieur, tandis qu’avec les écrivains du
Nouveau Roman on perçoit leur conscience. Les pensées se glissent entre les
interstices des œuvres ouvertes, qui ne donnent pas au lecteur la
« vérité » morale d’un sujet quelconque, mais lui posent des questions pour
interpréter à son gré ce qui attire son attention.
Pour
conclure, nous devons concevoir le Nouveau Roman comme une littérature de
transition entre deux périodes historiques vraiment distinctes, où l’on a perçu
une rupture. C’est ainsi que le Nouveau Roman n’a pas subsisté, bien qu’ils soient
restés chez nous des échos nouveau-romanciers qui stimulent dorénavant la
marche à suivre de la Littérature contemporaine.
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